Histoire de la commune

Le village de Champagne entre dans l’histoire « écrite » à la fin du XIe siècle quand le seigneur du lieu fait don des terres qu’il y possède à l’Abbaye-aux-Dames de Saintes. Mais cette entrée dans l’histoire par les archives ne signifie pas que le village sortait alors du néant. Des prospections et des fouilles archéologiques ont révélé des présences humaines dans tout le territoire de Champagne depuis le paléolithique jusqu’à l’époque gallo-romaine. Dans les années  1960, un vaste ensemble architectural gallo-romain daté du premier siècle après Jésus-Christ était mis au jour dans le bois du Châtelet dominant l’Arnaise, dans la commune proche de Saint-Agnant. Cette « villa » se trouvait sur le chemin d’une ancienne voie romaine (et même probablement gauloise) qui reliait Saintes (capitale des santons) à l’embouchure de la Charente.

La création du village de Champagne et le regroupement de l’habitat autour d’une église  correspond à la prise en main de cette région de la Saintonge maritime par les abbayes qui vont organiser les défrichements de la grande forêt du Baconais qui s’étalait entre la Charente et la Seudre.  Cette époque est aussi celle du règne de la duchesse-reine Aliénor, figure emblématique du Poitou et de l’Aquitaine sous l’empire des Plantagenêt et qui dispute la Saintonge au royaume de France.  Plus tard, pendant la Guerre de Cent ans, en 1381, au plus fort de la reconquête française, les Anglais occupent le « fort de Champagne ». La bonne conservation de l’église témoigne, contrairement à beaucoup d’édifices proches, que le pays n’eût pas trop à souffrir de destructions importantes. Cependant certains indices de construction de l’église suggèrent qu’elle a pu servir de point d’appui fortifié. La position du bourg sur son promontoire entouré d’anciens marais corrobore l’hypothèse d’anciens érudits qu’il était entouré de murailles. Un ancien fossé remontant à l’antiquité et une porte fortifiée médiévale à l’ouest en protégeait l’entrée.

De même, les guerres de Religion au XVIe siècle semblent également avoir épargné l’église Saint-André de Champagne à la différence d’églises proches comme celles d’Echillais et de Sainte-Gemme qui ont souffert des combats entre Catholiques et Protestants : la « Xaintonge des Isles de Maresnes » était un fief protestant. Les documents manquent pour apprécier l’impact des guerres sur la région, mais les nombreuses caves et souterrains trouvés sous des logis et maisons nobles anciennes peuvent faire penser qu’on a cherché à se protéger du passage des bandes armées.

Sous l’ancien régime, Champagne est dominée par des nobles possédants de grandes propriétés et métairies qui pratiquent une forme de monoculture de la vigne. L’agriculture est dominée  par l’exportation de vin puis d’alcool à partir du 18e siècle qui a succédé au commerce du sel. Des témoignages postérieurs montrent que « les terres labourables occupent moins de la moitié des 1844 hectares de la commune, les bois, occupent un tiers des surfaces, le reste se répartit entre les vignes, les prés permanents et les landes » comme on le voit sur les cartes de Cassini.

Les registres paroissiaux du 18e siècle avant la révolution laissent apparaître une vie difficile avec une mortalité infantile énorme et supérieure à la moyenne de la région, ce qui pourrait confirmer l’appréciation portée alors par un observateur : « On trouve dans la partie sud de cette paroisse de vastes terrains laissés incultes et un grand nombre de maisons successivement abandonnées, triste effet de la dépopulation progressive de ce pays ».  L’augmentation de population, régulière à partir de la fin du 18e siècle et tout au long du 19e siècle, témoigne d’une amélioration progressive des conditions de vie. La construction de routes empierrées désenclave les campagnes mais leur entretien est coûteux et elles se dégradent vite. Le 16 avril 1836 le conseil municipal demande une aide exceptionnelle pour réparer et empierrer  la route qui traverse le bourg qui est dans un tel état de dégradation « considérant que ce chemin est celui où passe tous les fourrages qui sortent du bassin de Brouage et destinés à nourrir tout le bétail des communes proches ainsi que de nombreux bétails qui se rendent aux foires de Pont-l’Abbé ».

 Les registres de délibération de la commune montrent que les Champagnais accueillent les évènements de la Révolution avec sympathie : l’église devenue maison commune accueille plusieurs fêtes révolutionnaires.  Mais les réquisitions d’hommes et de récoltes à partir de 1793 provoquent des résistances importantes. Le premier maire de Champagne est le curé-prieur qui prête serment à la constitution en 1790. Ce choix privera d’officiant le village qui dépendra pour le culte catholique de Saint-Jean-d’Angle et de Pont-l’Abbé à  la Restauration. Plusieurs pétitions de ses habitants, prétextant le mauvais état des routes  permettrons le retour d’un curé à Champagne.

La fin du 19e siècle voit des bouleversements importants : la crise du phylloxéra va ruiner les domaines viticoles qui vont être rachetés par de nouveaux arrivants venant du bocage vendéen et poitevin qui vont introduire l’élevage. Les surfaces ainsi libérées,  permettent aussi de rétablir  l’équilibre céréalier. L’autre bouleversement est l’arrivée du chemin de fer avec le passage à Champagne de la ligne de « tram » qui relie Saintes à Marennes inaugurée en 1903 et qui va faciliter les déplacements au quotidien.

Carte ancienne

Anciens plans de Champagne : Masse (1715), Cassini (vers 1789)

La Grande Guerre marque un coup d’arrêt. Vingt-cinq  jeunes Champagnais sont morts pour la France. Après un entre-deux guerres paisible, le village fut brièvement occupé par les allemands en 1940.  Libéré par le maquis en septembre 1944, les habitants de Champagne vécurent de loin la bataille de la « Poche de Royan ».  Après-Guerre, le village connait l’exode rural mais la construction d’une nouvelle école en 1960 témoigne d’un dynamisme retrouvé. Aujourd’hui Champagne est associé à deux communes voisines, Saint-Jean-d’Angle et La Gripperie-Saint-Symphorien auxquelles elle est liée par des liens historiques anciens pour  scolariser près de 200 élèves.  Champagne abrite une population mélangée, des artisans, une boulangerie.